Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/33

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— Si elle est déchue ! dit Louise.

Mais on est arrivé au pavillon des Bouchaud. Pendant qu’Édith cueille dans le jardin une rose pour sa cousine, la maman Bouchaud s’époumone à crier sur le perron :

— À table ! à table ! le gigot va être brûlé.

Il y a un melon — primeur dont on s’émerveille ; — un gigot haricots, mets national du bourgeois français ; un turbot qui ne fut pas pêché dans la Seine. Le père Bouchaud éclate de rire en montrant le saladier de fraises, et dit que depuis cinq heures du matin il était courbé en deux, dans le potager, à cueillir une à une ces satanées petites « perpétuelles » et que sa femme lui inflige ce supplice pour le faire maigrir. Le père Bouchaud est la gaîté même. Il a mille anecdotes à raconter sur ses clientes du Meilleur Marché la dame qui a de grosses mains et veut à toutes forces ganter du six et demi ; celle qui a la main sèche et fait à chaque fois éclater le gant qu’elle essaye ; celle qui veut rendre des gants de soirée dont elle s’est servie durant tout un bal. On l’écoute et il amuse. M. Henri est placé