Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/45

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Édith pâlit un peu sous ce regard étrange. Elle voudrait bien remercier Robert, lui dire qu’elle va lire les vers en rentrant le soir ; mais le train arrive. On ouvre les portes vitrées, la foule se précipite sur le quai. La famille Bouchaud se laisse porter à la suite de la famille Duval, jusqu’aux marchepieds des wagons. Tout le long des voitures, le même cri se propage :

— Au revoir ! Merci. À dimanche prochain !

Le train a déjà disparu dans la nuit que madame Bouchaud, demeurée devant la gare avec sa famille, agite encore son mouchoir, tragiquement.

Faute de places en seconde, les Duval se sont installés en première, où ils se trouvent seuls, par un heureux hasard. Le moelleux des sièges, la douceur des ressorts, ainsi que la fatigue d’une journée au grand air, ont vite fait d’induire les parents au sommeil. Les voici assoupis bien avant qu’on ait gagné la station suivante. Mais les mêmes causes ne produisent pas les mêmes effets chez les commis que chez les patrons. Je vous assure que M. Henri n’a pas la