Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/46

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plus légère envie de dormir. Louise, un peu lasse, est charmante ce soir. Ses beaux yeux ont un velouté bien doux à regarder, mais aussi une profondeur qui donne le vertige. De son côté, M, Henri a perdu l’air modeste qu’on lui voit dans la boutique du Cherche-Midi. Autre chose est de caresser du matin au soir dans un magasin sombre la pâle couverture safran des volumes à trois francs cinquante, autre chose de voguer au long d’un fleuve argenté, sous un soleil torride, pendant que les oiseaux s’égosillent dans les arbres du rivage. Les griseries de la nature font désirer le bonheur.

Mademoiselle Louise a la plus jolie main du monde au bout d’un poignet lin qui sort d’une manche de dentelle. Cette main hypnotise M. Henri qui tout à coup s’enhardit à la prendre, à la serrer très fort.

— Je vous aime, Louise, murmure-t-il.

Elle n’est pas absolument fâchée. Elle ne retire pas sa main… Mais elle pense au sire de Catalpan et elle questionne :

— Si je vous demandais de vous jeter pour moi du haut de la tour Eiffel, que feriez-vous ?