Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/53

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soldats pour que des crapauds de dix-huit ans aillent se faire tuer en la défendant. Mais le patriotisme est une drôle de chose, monsieur. L’autre soir, j’entends un bruit singulier qui venait de la chambre de Georges. La maman me dit : « Il est malade : on dirait qu’il se plaint. » J’y cours. Le gosse pleurait caché sous son drap. Et il ronchonnait : « Quand je pense qu’ils sont en France, qu’ils marchent sur nous, et que je n’ai pas même un fusil pour tirer dessus ! » Il n’en a pas dit plus, monsieur : mais je n’avais pas encore senti ce que c’est que l’invasion, et à cette minute-là, je l’ai compris. Et j’ai lâché la phrase décisive : « Georges, je te donne mon consentement. » Maintenant, c’est fait. Il n’attend plus que son papier pour aller le signer à la mairie de Choisy.

Xavier des Assernes écoute avec admiration l’honnête bourgeois qu’est M. Bouchaud mettre à nu, si bonnement, les plus fiers sentiments de sa race. Louise murmure, avec une pointe d’émotion :

— Il est très chic, Georges ; vous aussi, mon oncle.