Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/78

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Un silence règne pendant lequel croît le concert des grenouilles dans la mare voisine.

— Dis donc, Picot, ça vous fait une sacrée impression de penser qu’on ne les reverra jamais, hein ?

Picot ne répond pas. Il ne peut pas répondre. Il revoit les yeux charmants d’Édith et son sourire des adieux. Lecointre, lui, revoit Louise et le paradis que c’eût été de vivre aimé d’elle. Assis à la margelle d’un abreuvoir de ferme, Picot et Lecointre mesurant froidement le prix de leur vie, qu’ils ont offerte à la patrie, ne se doutent pas qu’ils ressemblent étrangement à leur lointain modèle, Mainfroy de Catalpan, assis au bec de sa nef et songeant à sa dame. Ils sont de sa race et chevaliers français comme lui, et vous vous en êtes bien aperçus.

— Je crois que c’est le moment de partir, dit Lecointre.

— Il est temps, oui, répond simplement Picot.

Ils ont le fusil en bandoulière, et cent vingt cartouches pour chacun. La nuit est