Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/79

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parfaitement obscure. Ils longent une haie qui sépare une prairie du champ moissonné où ils cheminent. Dans la prairie, leurs formes se dissimuleraient mieux que sur les sillons dénudés. Prairie et champ sont d’ailleurs totalement exposés à l’observation de l’ennemi. Pareils à des chats, ils creusent une brèche dans la haie et s’y faufilent. Maintenant ils ont gagné l’herbe noire.

— Couchons-nous, dit Picot, c’est plus sûr. Je ne sais si vous voyez bien le théâtre de la scène : des terres montent doucement à une route départementale qui fait ceinture au pied de la colline ; après la route, la pente s’élève abrupte, hérissée de jeunes arbres et de ronces ; et là-haut, à cent quatre-vingts mètres, c’est le bois de hêtres où se cachent les Allemands. Ils peuvent donc suivre les moindres mouvements des régiments français dans la vallée. N’importe, ils n’ont pas aperçu les deux masses noires nageant dans l’herbe. Mais quand, après avoir pendant vingt minutes progressé de cette manière peu favorable à l’homme, les deux