Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/93

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faites aux bords de la Seine en compagnie d’Édith Bouchaud, sous des clairs de lune semblables. On n’entendait ni le canon, ni le crépitement de la fusillade, par exemple. On était maître chez soi, sur la bonne terre de France. Comme il était heureux alors, et comme ce soir il a soif d’être heureux encore ! Il lui semble parfois que l’ombre légère d’Édith se suspend à son bras, et qu’il l’emporte avec lui, tendrement, dans la lumière bleue. Elle ignorera toujours la chic mission qui lui est dévolue aujourd’hui, en vue de la prochaine attaque. Pourtant il ne se sent pas le moindre battement de cœur et il se dit que peut-être, si elle pouvait le voir ici, ce soir, elle l’aimerait pour ce qu’il n’a pas peur.

Il y a dans le poste trois mitrailleurs, et quatre bonshommes qui veillent, dont un en observation. L’arrivée de l’adjudant est saluée par le silence, car c’est ici le royaume des muets. Picot prête l’oreille.

— Fritz ! Fritz ! prononce une voix dans la nuit.

Cela vient de la tranchée boche, à vingt