Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/95

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que dure l’opération, pas un fusil ne part là-bas. Ici, les hommes retiennent leur souffle. D’un signe, l’adjudant fait poser les volets dans le trou creusé. Là-bas rien ne bouge. Voici la dernière plaque assujettie. Picot mesure l’avantage qu’il y aura demain à voir par là, sans être vu. Une bouffée de contentement lui monte au cerveau. Il n’y a plus qu’à replacer les sacs à terre. Soudain le déclic mortel, un râle, une masse qui s’effondre dans le poste. Bien visé ! L’adjudant a la poitrine traversée d’une balle

Robert Picot respire bruyamment. L’ombre chérie qui se suspendait tout à l’heure à son bras se penche sur son visage. Il pense alors : « C’est fini, je m’en vais, je la perds pour toujours. » À ce moment son thorax paraît éclater, ses côtes s’écartèlent, un sang tiède monte à sa bouche, l’air lui manque. Et en même temps qu’un feu de salve déchire l’air, on entend les hommes crier à mi-voix l’appel lugubre :

— Brancardiers !… Brancardiers !…