Page:Yver - Un coin du voile.djvu/105

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imperceptible et doux des couvertures. Sur les oreillers, des visages de femmes posaient, immobiles.

Par la porte vitrée, s’entrevoyait dans l’enfilade des corridors la cornette palpitante de la sœur de garde qui s’en allait, là-bas. Au lit n° 9, une vieille femme était assise et regardait ses compagnes.

Autour du fourneau, dans la cuisine proche qu’une cloison de verre séparait de la salle, des infirmières en sarrau bleu s’étaient massées pour causer à voix basse.

Soudain, à l’autre extrémité, la porte s’ouvrit sans bruit et l’interne de garde parut. C’était une femme, une jeune femme toute blanche dans sa blouse de médecin qui couvrait sa jupe noire. Un nœud de soie rouge, seulement, faisait un large papillon sous son grand col lissé. Elle était blonde et jolie, avec des yeux gris clair. Son nom était Johannah Swordsen, mais dans l’hôpital où elle et sa sœur Fridja étaient internes, les étudiants les avaient surnommées « Ces demoiselles Fjord » parce qu’elles semblaient froides et impénétrables comme