Page:Yver - Un coin du voile.djvu/106

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les mystérieux golfes de glace de leur pays.

Johannah — dont c’était ici le service — était sagace, fine, et d’un dévouement admirable à ses malades. Mais celles-ci ne l’aimaient pas, à cause de son accent étranger et de sa froideur qui mettaient entre elles et la jeune fille trop de distance. Johannah les soignait avec sa douceur et sa patience de savante que rien ne rebutait.

Elle vint au lit 13 où dormait une petite typhique de seize ans. L’enfant était calme ; un effroi passa dans les yeux de Johannah. C’était pour cette malade qu’elle venait ici ce soir. La fièvre typhoïde qui la terrassait se montrait la plus pernicieuse de la salle, et l’étudiante était entrée en lutte contre la maladie. L’après-midi, à la contre-visite, elle avait prescrit les bains froids, et maintenant il lui semblait voir une morte dans le lit. Mais en approchant, elle reconnut le sommeil le plus paisible, le plus rassurant. Alors, après un regard à la feuille de température, posée au-dessus du chevet, où le crayon dessinait des zigzags brusques, d’effrayantes montées de fièvre, elle reprit la voie du milieu, entre les