Page:Yver - Un coin du voile.djvu/107

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lits, de son pas tranquille, uni et glissant.

Quand elle passa devant le fourneau, les infirmières et deux hommes de salle qui étaient venus se joindre au groupe, se turent soudain et la regardèrent en la toisant. La tête légèrement rejetée en arrière, elle paraissait hautaine : le chignon grec de ses cheveux de Norvégienne, au blond poudré, tombait sur la nuque. Une femme, les poings aux hanches, demanda :

— Laquelle c’est-il, celle-là ?

L’infirmière de la salle répondit :

— C’est la nôtre, madame Amélie, c’est Johannah, celle du service.

— Sait-on jamais, avec ses sacrées Russes, dit l’un des hommes. Elles sont tellement la même chose, toutes deux, que je ne suis jamais fichu de les reconnaître l’une de l’autre.

— Ce soir, il n’y a pas d’erreur, fit une troisième infirmière qu’on nommait madame Hortense, c’est la jeune, parce que l’autre, l’aînée, Fridja comme ils l’appellent, eh bien, vous savez, elle est pincée par la diphtérie qu’elle a prise dans sa salle. Même elle peut sauter d’un moment à l’autre, à ce qu’a dit M. Vergeas, le