Page:Yver - Un coin du voile.djvu/108

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chef qui est venu la voir cette après-midi. Je n’invente rien, c’est la sœur Saint-Eusèbe qui me l’a rapporté.

— Pauvre fille, dit l’homme.

— Vous savez, reprit la même, c’est des drôles de créatures. Des femmes dont on ne sait quoi penser. Ça vous a des airs de sainte Vierge, et puis, pour changer…

Elle ricana.

— On dit toujours : Ces demoiselles Fjord par ci, ces demoiselles Fjord par là, reprit Amélie qui fleurait à pleine haleine l’alcool ; moi, je voudrais bien savoir laquelle des deux a eu son béguin pour ce pauvre diable de Benoît, un petit interne comme il n’y en a pas, un garçon si gai, si gentil, si tranquille qui a disparu de l’hôpital comme un obus, tout d’un coup.

Alors madame Hortense, celle qui avait annoncé la maladie de Fridja Swordsen, une méridionale au teint bistré, majestueuse, opulente, presque belle malgré la soixantaine et le petit bonnet de linge qui bridait ses yeux de jais, confidentiellement prononça :