Page:Yver - Un coin du voile.djvu/109

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— Écoutez, je sais bien que vous, Amélie, et d’autres encore, opiniez pour la petite des fiévreuses, celles qui vient de passer là, Johannah, comme vous dites, madame Louise. Le diable, c’est qu’elles sont copiées comme des jumelles avec leur éternelle cravate rouge sous leur col blanc et leur tignasse blonde, délavée. Mais pour moi, c’est bien l’autre, Fridja, que j’ai vue s’en aller un soir, deux soirs, et toute une semaine, avec le petit monsieur Benoît. J’étais derrière la fenêtre de la buanderie, quand ils s’en allaient bras dessus bras dessous. Ce garçon-là, ce petit frisé était gentil comme un amour, et, de mon avis, la demoiselle Fjord n’avait pas mauvais goût. Oui, pour moi c’était Fridja. Je n’ai jamais pu voir sa figure, notez bien, car ils passaient vite, clandestinement, comme un couple de souris grises le long d’un mur. Mais cette petite mijaurée avait dans sa façon quelque chose de pas gêné et de fripon sous ses airs de glace, et la vôtre, madame Louise, c’est le contraire. Votre demoiselle Fjord, à vous, c’est un rude petit médecin, mais vous pouvez m’en croire, je connais la