Page:Yver - Un coin du voile.djvu/112

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jeter un voile définitif sur ces choses passées qu’elle pleurait encore.

Mais, ce soir, une bien autre torture déchirait le cœur de Johannah. La diphtérie avait pris Fridja ; elle se sentait la perdre de minute en minute. Elle n’avait de repos qu’auprès du lit de la malade. Elle aurait voulu y demeurer constamment. Elle était allée trouver le docteur Vergeas le chef du service des enfants, le seul homme au monde pour qui elle éprouvât une sympathie particulière, et lui avait dit en lui étreignant les mains, en s’y accrochant, affolée du péril : « Vous n’allez pas la quitter, ou tout au moins vous viendrez d’heure en heure ; vous me la sauverez ! » Et Vergeas l’avait retenue ainsi un moment, considérant ces yeux sans larmes et dilatés de terreur.

Quand elle ouvrit la porte de la petite chambre où l’on soignait Fridja, au fond de l’hôpital, elle vit d’abord, dans le creux de l’oreiller, les mèches folles, d’un blond d’argent, autour du visage rougi par les fièvres, les lèvres entr’ouvertes et les grands yeux gris de Fridja, regardant le vague, angoissés. Dans