Page:Yver - Un coin du voile.djvu/113

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un coin de la chambre, Vergeas en blouse blanche se tenait rigide, sa barbe blonde dorée à la lumière, son lorgnon miroitant, tandis qu’une religieuse surveillait l’ébullition de l’eau dans des vases de faïence neigeuse.

La vue du médecin parut alléger Johannah de toute l’horreur qui envahissait son cerveau. Il avait dans l’École une haute réputation. Elle basait sur cette réputation tout ce qu’elle se sentait dans l’âme pour lui. À peine regardât-elle sa sœur dont l’esprit semblait absent, et elle alla droit à Vergeas.

— Eh bien ? comment la trouvez-vous ? Vergeas hésita. Il la regarda longuement avec émotion, avec douleur.

— L’opération, dit-il à la fin, l’opération sera pour cette nuit. Il faut être prêts.

Alors Johannah se retourna brusquement sur le lit et contempla longtemps la pauvre petite Fridja, sa chérie, sa seule amie, ce doux et bon petit être léger qu’elle aimait d’autant plus pour en avoir tant souffert et qui se mourait, à vingt-deux ans, victime de ce croup à qui elle-même l’avait jetée en proie. Elle allait