Page:Yver - Un coin du voile.djvu/114

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mourir, la jolie et fraîche Fridja, on ne verrait plus dans les salles sa blouse svelte, froncée à sa taille onduleuse, et le nœud rouge cerise palpitant comme un grand papillon sous son haut col glacé d’étudiante. Elle s’en allait, elle si amoureuse de l’Amour, sans en avoir joui ; elle s’éteignait pleine de vie, ornée du douloureux et immense honneur de tomber blessée au chevet même des petits qu’elle soignait. Et de tous ses yeux sans larmes, Johannah regardait dans la taie d’oreiller blanche ce mince visage en feu dont les fines pommettes émaciées commençaient à saillir. Silencieusement elle se tordait les mains. La religieuse la regarda et fit un geste de compassion qui avouait déjà toute la tristesse mortuaire s’apprêtant.

À ce moment, Vergeas vint à Johannah, il se pencha vers son oreille et dit :

— L’opération va réussir, vous savez.

Elle ne pouvait plus espérer ; elle avait trop bien compris ce que signifiait cette prostration de la malade. L’opérer ? Il était trop tard. Mais pour la première fois, auprès de cet