Page:Yver - Un coin du voile.djvu/115

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homme qui avait eu pitié de sa souffrance, une faiblesse de femme s’éveilla en elle. Elle eut comme le besoin de voir s’ouvrir ces bras forts, de s’y jeter, de s’y enfermer, d’abandonner son front martelé de douleur à l’appui de cette épaule, d’y cacher des larmes. Ses paupières se fermaient.

Puis elle se ressaisit et le regardant en face :

— Vous me trompez. Ne me trompez pas. Elle est très mal, n’est-ce pas ?

— Oui, dit Vergeas vaincu, elle est mal.

Et d’instinct, pour diminuer la peine qu’il causait, il saisit la main de l’étudiante qu’il serra furtivement, en cachette de la religieuse qui transvasait des eaux chaudes.

Quand Vergeas eut quitté la chambre, la malade, très oppressée, fit signe à Johannah qu’elle désirait de quoi écrire, montrant sa gorge et son impossibilité de parler. Et sur le papier que sa sœur lui tendit, en des lettres grossières que sa main agitée formait mal, elle écrivit dans leur langue natale :

Il faut prévenir mon ami que je vais mourir.