Page:Yver - Un coin du voile.djvu/117

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la cuve blanche où trempaient les scalpels, pendant que la sœur déchirait des feuilles d’ouate de ses doigts couleur d’ivoire. Vergeas était l’opérateur et dirigeait tout, assourdissant en marchant le cri de sa bottine. Johannah demeurait debout près du lit, blonde, blême, avec la gaieté tragique de son nœud de soie rouge sous le col blanc. Une odeur violente d’iodoforme se répandit.

— Maintenant, dit Vergeas en la prenant par le bras, venez, mademoiselle Swordsen, vous ne pouvez rester ici.

Il comptait qu’elle protesterait, mais elle se laissa faire, docile et douce, sous le commandement de celui qui la conduisait ainsi, impérieusement, vers la porte. Et tous ses camarades présents, un médecin aide, les internes, ces jeunes hommes qu’elle intriguait avec sa personnalité mystérieuse de femme savante, se détournèrent pour la suivre des yeux.

Dans son cauchemar, elle erra par les corridors de l’antique hôpital, dallés de pavé rouge, rasant les murs, frôlant les portes, allant droit devant elle, guidée par les lumières