Page:Yver - Un coin du voile.djvu/118

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que les plafonds portaient de place en place. Elle n’entrait nulle part. Puis machinalement, comme une bête blessée revient à son gîte, elle gagna sa salle qui était son plus intime chez-elle, et la traversa de son pas de rêve, inconsciente, avec la seule pensée de sa chérie qu’on martyrisait là-bas. Les malades dormaient. L’une d’elles qui délirait parlait d’une voix forte et indistincte qui vibrait dans la salle. Le vieille aux mèches grises, assise toujours sur son lit, irritée par ses cruelles insomnies, grimaça vers elle et murmura une grossière injure quand elle eut passé. La petite typhique sommeillait paisiblement…

Quand Johannah revint vers sa sœur, Fridja très pâle souriait, son cou blanc tout vêtu d’ouates épaisses où se portait d’instinct sa main, dans un geste de muette. L’espoir de guérir rayonnait dans sa faiblesse. Vergeas était là, toujours. Il dit à Johannah :

— Êtes-vous contente ?

Elle le remercia et tous d’eux s’assirent au chevet de la diphtérique, sans parler, jusqu’à la fin de la nuit où la malade s’endormit.