Page:Yver - Un coin du voile.djvu/120

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furent aux yeux de Johannah, comme le bain triomphal de la purification absolue, lavant et embellissant le pauvre cœur faible de Fridja. Et elle la couvrait de baisers, ayant désormais oublié le passé, croyant embrasser la petite fille d’autrefois.

Fridja ne pouvait plus articuler la moindre parole, mais sa frivole et légère vie semblait s’empreindre de gravité et on lui avait donné un cahier qu’elle gardait constamment à ses côtés, à l’aide duquel elle tenait au crayon des conversations avec Johannah. Elle y inscrivait ses pensées flottant entre l’espoir de vivre et la peur de mourir. Et comme si l’amour d’autrefois l’eût envahie plus puissamment vers la fin, elle y demandait sans cesse aussi ce jeune interne du nom de Benoît auquel on l’avait arrachée. Et sans courage, Johannah maintenant prêtait sa complicité.

Elle télégraphiait de-ci, de-là, pour atteindre enfin le jeune homme ; mais nulle part on ne savait ce qu’il était devenu.

La broncho-pneumonie s’était déclarée. Le troisième jour après l’opération, il y eut une