Page:Yver - Un coin du voile.djvu/121

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accalmie dans la fièvre. Vergeas crut à la guérison ; il le dit à Johannah. Pour la première fois, elle eut des larmes devant lui, des larmes qu’elle ne put retenir, qu’elle laissa couler, silencieuse, sans lui répondre. Elle-même s’étonna de cette faiblesse et d’en avoir conçu moins de honte que de douceur. Puis elle se dit que son émoi venait d’avoir trouvé dans sa vie solitaire une noble et forte amitié. Comme cet homme lui paraissait bon d’avoir sauvé Fridja à force de science, de soins, de veilles, de fatigues ! Une joie puissante et nouvelle lui venait. Elle ne pensait ni ne sentait plus avec le sérieux grave d’autrefois. Elle faisait son service avec entrain, obsédée seulement par l’illusion, l’hallucination d’entendre de partout, comme si cela eût résonné dans l’hôpital entier, la toux déchirante de Fridja, étouffée dans les oreillers de sa petite chambre, au fond des grandes bâtisses, là-bas.

Puis le lendemain matin, avant le jour, dans un soupir, dans un souffle léger, Fridja rendit sa petite vie enfantine, mourant inconsciemment, sans le savoir, après avoir dit qu’elle