Page:Yver - Un coin du voile.djvu/123

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quelles angoisses ensuite, dans la crainte que l’aventure ne se fût ébruitée ; quelles hontes, quelles rougeurs soudaines lui venaient parfois en contemplant en public l’insouciante fille. Elle cherchait partout, dans tous les discours, des allusions à la conduite de sa sœur : il lui semblait que tout le monde savait…

Maintenant, au contraire, elle était fière de sa morte. La petite Fridja avait été, sans souci, prendre le mal au plein du danger. Elle s’en était allée bravement, pour ses petits malades. Quand le docteur Vergeas, que Johannah avait mandé, arriva, toute sa force reconquise, dressée, rigide près du lit, elle lui dit, orgueilleusement :

— Quelle belle mort, n’est-ce pas ?

Lui, tout simplement, voyant ce qu’elle endurait, la regarda avec tendresse et reprit :

— Ma pauvre Johannah, ma pauvre Johannah !

On fit à Fridja des obsèques glorieuses. La ville entière semblait y être. De toutes parts, de toutes les castes d’habitants, il venait au char funèbre qui s’en allait par les rues, vêtu