Page:Yver - Un coin du voile.djvu/124

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de blanc, comme un fluide d’hommages. Le pasteur de la religion réformée qui avait assisté la morte, le directeur de l’École, le doyen des internes, un membre de l’assistance publique, tour à tour, firent sur sa tombe l’éloge si aisément poétique et ému de cette jeune martyre de la science et du bien. Les petits enfants du peuple qu’elle avait soignés et guéris vinrent apporter des brassées de fleurs blanches que le plus jeune d’entre eux, un bébé, jeta sur la terre fraîche remuée. Alors dans la foule qui remplissait le cimetière silencieusement, on entendit des sanglots de femmes. Le ciel était pur et bleu. Le soleil inondait les tombes. Sur un arbre, un petit pinson chantait à plein gosier.

Toute la masse noire des assistants, figée, immobile, vibrait d’émotion. Johannah devant cette gloire se sentit dans l’âme comme le glaive d’un bonheur immense et douloureux.

Tout le monde la regardait, si mince, si invisible sous les crêpes noirs que le soleil lustrait. L’or de ses cheveux s’échappait par derrière, entre deux plis du voile, plus soyeux, plus