Page:Yver - Un coin du voile.djvu/132

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

passion. Il vous respecte autant qu’il vous aime, et moi je n’ai pu me défendre d’une estime irraisonnée pour la femme qu’il plaçait si haut.

Johannah la regardait froidement, à son tour, comme s’il se fût agi d’une autre. Elle n’entendait pas le sens complet de ce qu’on lui disait.

— J’ignore comment les choses, en pareil cas, se passent en Norvège, mademoiselle. Dans notre pays, une mère s’inquiète de tout ce qui peut concerner le bonheur de son fils ; elle l’entoure de toutes les garanties, elle devient ombrageuse et excessive, peut-être… la conjoncture est si grave !… enfin, mademoiselle… ce que j’ai à vous dire ici devient difficile, pénible même. Pourtant il me faut parler, et j’estime que vous approuverez ma loyauté envers vous.

— Dites tout, madame, répondit la jeune fille qui se sentait mourir.

— Je suis déjà venue à l’hôpital, secrètement, confidentiellement ; je voulais connaître celle qu’aime mon fils, l’apprécier comme elle le