Page:Yver - Un coin du voile.djvu/133

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

mérite ; chasser aussi l’inquiétude qui saisit toujours une mère française à l’idée d’une bru étrangère. J’ai questionné. J’ai fait causer. Vous êtes franche et droite, Mademoiselle, voyez comme je le suis également avec vous. Est-ce que vous me blâmez ?

— Non, madame, dit Johannah, très pâle.

— Alors… le dirai-je ?… Des bruits me sont revenus… si nets, si affirmatifs, que je n’ai pas pu, hélas, les rejeter comme un racontar. Vous ou votre sœur, mademoiselle, — l’aventure est demeurée imprécise sur ce point — vous ou votre sœur avez eu, l’an passé, avec un jeune interne d’ici… je dirai… des légèretés graves. L’une de vous… laquelle des deux ?… s’est enfuie de l’hôpital en compagnie de ce jeune homme… Ah ! mademoiselle, le problème est demeuré bien terrible pour moi. Mais il s’agit de telles circonstances ! L’honneur, vous savez, les vieilles familles françaises, le mettent au-dessus de tout. Vous voyez comme je vous parle. Les yeux fermés, confiante, je suis venue à vous. J’ai pensé : si cette jeune fille est coupable, non pas des tiers, non pas des espions, mais elle-