Page:Yver - Un coin du voile.djvu/146

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La Baronne à Pierre.
10 mars.

Vous voyez bien, méchant enfant, que vous n’avez plus que ce nom-là sous la plume : Friquette, Friquette ! et que vous ne pouvez plus parler d’autre chose, ni de votre étude, ni des cancans de Pavillon, ni de nos vieux souvenirs communs. Si vous croyez, mon pauvre bon Pierre, pouvoir cacher à votre marraine que chez vous, la tête et le cœur sont pleins d’elle…

Allons, mon petit filleul, raisonnons. Vous êtes en passe d’un amour sot et maladroit qui va faire la désolation de votre existence. Car, je le vois dès aujourd’hui, si vous n’obtenez pas Friquette, vous vous estimerez le plus malheureux des hommes ; mais si vous l’obtenez, grands dieux !… j’ai bien peur que ce ne soit mille fois pire. Eh bien ! avant de vous laisser envahir par ce beau et grand sentiment, détaillons un peu cette jeune fille qu’un esprit malveillant a placée sur votre route.