Page:Yver - Un coin du voile.djvu/15

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pur, une fumée noire, lourde et étrange se traînait jusqu’ici, dans les altitudes de l’air léger. Le jeune homme levait la tête, son cerveau se surexcitait ; il savait de quelle fournaise sortait là-haut, près du columbarium, cette fumée mystérieuse ; et l’amer positiviste qui était en lui se complaisait maladivement à chercher dans cette vapeur à demi-évanouie une résultante humaine.

Par des trouées de verdure, nuageux et immense, Paris s’entrevoyait. Mais le vacarme d’enfer de la cité des vivants n’atteignait pas celle des morts. Un pépiement très doux d’oiseaux voltigeait dans les arbres, coupé de silences absolus.

Un jour, sinuant entre les tombes, une femme glissa…

Le lieu était incomparable. Les pierres tombales moussues, branlantes et rongées, portaient toutes, en des épitaphes mi-effacées, le millésime 1835. Certaines étaient recouvertes de lierre. Et vivace, envahissant, ressemblant à un nid de reptiles, ce lierre rampait en minuscules couleuvres velues, pour aller vêtir près