Page:Yver - Un coin du voile.djvu/16

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de là les colonnes grecques d’un mausolée en ruines que l’antique avait inspiré. Irrégulières, effondrées, noircies par les pluies, les tombes avaient comme oublié un terre-plein vide, autour duquel elles se serraient. C’était environ à mi-côte de l’amphithéâtre. Au-dessus et au-dessous, des arbres vétustes enchevêtraient leurs feuillages pâles, leurs troncs infléchis et galbés, çà et là coupés par la ligne rigide d’un cyprès au velours vert.

Cette femme avait passé très vite, vêtue de noir…

Souvent, d’intolérables migraines, causées par son travail incessant de pensée, martelaient le front du jeune homme. Et c’était alors un engourdissement cérébral, une inaction mentale qu’il venait chercher ici ; mais cette solitude étroite et close, contenait bien trop de mystère, évoquait trop l’énigme même de la vie, pour laisser chômer sa philosophie. Une urne cinéraire, toute verte de mousse, au coin d’un tombeau, portait cette inscription : Mes amis, sachez que je dors. Et, secouant en esprit ces ossements, ces cendres blanches, résidus