Page:Yver - Un coin du voile.djvu/151

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Moi, je ne riais pas, marraine, je sentais un singulier malaise, comme si Friquette m’eût touché de très près, et que la réprobation générale m’eût blessé avant de l’atteindre. Je levai les yeux sur elle, et je ne sais quelle expression passa dans mon regard de surprise, de chagrin, de déception, mais je sais que le ton de Friquette se modifia légèrement, et qu’elle reprit, avec le rire forcé dont je vous ai parlé :

— Vous avez l’air étonné tous, d’entendre une jeune fille causer de la sorte. Vous ignorez qu’il viendra une époque où ce sera le langage de tout le monde, où les femmes ne seront plus astreintes et humiliées à la triste besogne de mère de famille, mais où elles partageront les plaisirs cérébraux et les droits de leurs maris, pendant que l’enfant, le grand gêneur, le tyran de la femme, s’élèvera par…

Elle hésita une seconde, puis ne sachant comment terminer sa tirade :

— … s’élèvera par la mécanique.

Il y avait là un ingénieur de grand talent. Il l’interrompit, assez gouailleur.