Page:Yver - Un coin du voile.djvu/158

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Vous m’avez causé déception sur déception. Votre chambre était prête ; je commençais à savourer les délices de l’attente, quand votre première dépêche est venu arrêter l’élan trop vif de ma joie. « Attendez encore un peu », disiez-vous. J’ai fait alors transporter dans ma chambre les fleurs dont j’avais orné la vôtre, et j’ai attendu.

Dès la seconde : « Une affaire imprévue me retient », j’ai soupçonné la vérité. La présence dangereuse à laquelle je voulais vous soustraire est justement l’irrésistible lien qui vous retient à Pavillon, le lien auquel celui des vieilles affections vient s’user. Hélas ! que nous comptons peu dans le cœur de nos enfants quand les jeunes prennent notre place !

Enfin, lorsque le troisième télégramme m’est arrivé, et que vous me fixiez le mois prochain pour délai, je suis allée tristement dans votre chambre, défaire moi-même ce que j’avais préparé en pleine joie d’attente, et j’ai décidé, comprenant la vanité de mes conseils, de vous donner cet avis : demandez au plus tôt la main de Friquette.