Page:Yver - Un coin du voile.djvu/17

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humains, au fond de tant de tombes, il faisait revivre tout ce Paris de 1830 : la Restauration, cette époque reluisante encore des dorures de l’empire, vitale et béate, bourgeoise et agitée, dont l’esprit était resté comme une empreinte, au style même de ces tombeaux. Alors, les tempes lui battaient plus cruellement encore, et il retombait assis sur une pierre plate, enfouie dans l’herbe.

Le lendemain, la passante, à l’heure pareille, sinua de nouveau dans le labyrinthe des tombes. Et il eut d’elle une curiosité légère, imprécise et inexprimée, quand il s’aperçut que quotidiennement, elle aussi s’attardait au cimetière. Il s’occupait peu des femmes qu’il regardait comme des êtres inconsistants, artificiels et étrangers ; mais ce fut au seul point de vue psychologique s’il se prit d’intérêt pour celle-là, jusqu’à la suivre clandestinement, furtif et secret, derrière les tombes. Car il n’était pas logique que l’être jeune et sain qu’il devinait en elle vécût assez du souvenir d’un mort, pour trouver encore des jouissances étranges près de sa dépouille. Était-ce une veuve ? Ô fidé-