Page:Yver - Un coin du voile.djvu/164

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ému comme une femme, je sens bien que je suis indiscret, et c’est moi qui vous demande pardon d’être venu. C’était mon seul moyen de vous montrer que je pensais à vous.

Je m’en allais vers la porte, elle m’arrêta.

— Restez un peu, restez ; si vous saviez comme cela fait du bien de voir un visage ami au milieu de cette solitude, de cette tristesse !

Elle avait dit ces derniers mots en marchant devant moi, me menant ainsi vers la pièce voisine, un second salon, aussi sombre que le premier, où je la suivis sans réflexion. Rendu là, elle me fit asseoir près d’elle.

— Vous êtes la première personne que je vois, me dit-elle. Aucun n’est venu de tous ceux qui nous fêtaient tant, elle et moi. Je suis seule ; seule avec cela !

Du doigt, elle me montrait dans un coin de la pièce ce que je n’avais pas encore aperçu dans l’obscurité : le berceau ! Le berceau que, redevenue vraie femme, elle couvait de regards étrangement tendres.

— C’est ma fille, à présent, ajouta-t-elle.