Page:Yver - Un coin du voile.djvu/174

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plus jolies que Claudia ; l’aînée, surtout, était très belle, mais il n’y paraissait pas, et dans une assemblée tous les yeux allaient à mademoiselle de Vauges, tandis que personne ne regardait ses cousines. C’étaient deux types délicats ; leurs cheveux étaient de la soie blonde, mais le chignon qu’elles en avaient formé à la hâte n’avantageait pas leur figure, et il leur semblait qu’il eût été contraire à la simplicité de leur position de se coiffer avec autant d’élégance que Claudia. Elles n’étaient pas gauches, leur naissance leur permettait de n’être pas déplacées dans la plus haute société, mais à force de compter pour rien, là où elles passaient elles s’étaient résignées peu à peu à être oubliées, à n’être pas vues, à se laisser tomber comme une branche morte de cet arbre héraldique auquel leur être affiné tenait encore par tant de fibres ! Et elles marchaient sans bruit, ne liaient conversation avec personne, et choisissaient inconsciemment les dernières places.

— Avez-vous un fiacre retenu pour le retour, au moins ? leur demanda Claudia.

Les jeunes filles répondirent que non, qu’elles