Page:Yver - Un coin du voile.djvu/175

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n’avaient pas besoin de voiture, qu’elles étaient venues par l’omnibus, qu’elles s’en retourneraient à pied et qu’aucun passant noctambule ne pourrait deviner sous leurs manteaux de pluie leurs robes de bal. Alors mademoiselle de Vauges se récria et déclara qu’elle et son père les reconduiraient en auto.

Aussitôt la bande à laquelle elle venait de fausser compagnie la rejoignit, et l’on commença à l’inviter pour des danses. Elle ne pouvait suffire à toutes les demandes. Bientôt elle fut entraînée dans le tourbillon, le cœur battant, palpitante de fatigue et de plaisir ; elle perdit encore de vue ses cousines. Deux ou trois fois, cependant, au cours d’une valse, ses yeux rencontrèrent les leurs, toujours fixés sur elle, et elle vit qu’on les avait laissées à leur place, qu’elles ne dansaient pas, que personne ne les avait invitées.

Alors, au milieu de sa joie, elle eut des ombres de tristesse, qui bientôt l’empêchèrent de s’amuser davantage. Elle s’affectait pour les deux jeunes filles, regrettant presque de les avoir fait inviter. Dès qu’elle en eut la liberté,