Page:Yver - Un coin du voile.djvu/179

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de dentelles de la collerette. Les yeux de Fanny — l’aînée — étaient délicieusement pailletés d’or. Et Juliette possédait la bouche la plus spirituelle du monde ; une bouche qui, dans l’intimité, avait de si fins propos, de telles boutades, que si la jeune fille eût osé parler ici, on aurait pu faire cercle autour d’elle, comme jadis au temps des exquises Précieuses.

Claudia sentait dans ces deux filles charmantes un parfum de plantes rares, cette valeur de l’être physique et moral qui fait dire d’une femme : « Elle est remarquable. » Remarquables ! Hélas ! si peu de gens les avaient remarquées jusqu’ici ces pauvres enfants ruinées, dans qui s’incarnait cette allure singulière, cette distinction de violette des grandes dames pauvres ! Claudia s’apercevait maintenant qu’elle ne les valait pas. Elles étaient plus instruites qu’elle. Elles avaient plus d’esprit ; et en outre, d’une manière indéfinissable, Claudia se sentait près d’elles, une gentillesse vulgaire, un charme commun qui ne tirait son éclat que d’un prestige étranger.

Alors l’image lui vint de ces livres à la mode,