Page:Yver - Un coin du voile.djvu/185

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tresses cuivrées des demoiselles de La Croix-Jacques, les lourds écheveaux blonds, tassés, pressés sous le rebord trop étroit de la fourrure, prissent un air de magnificence que n’avaient pas les cheveux châtains de Claudia. Toutes trois serrées dans de minces jaquettes sombres, elles s’inclinèrent sur leur prie-Dieu, du même mouvement souple d’arbrisseau, et Claudia, comme ses cousines, prit son front dans ses mains épaissies par de gros gants de laine, qui cherchaient vainement sur ses tempes ses frisons de brunette.

Seulement, quand elles se redressèrent ensemble, se copiant toutes, d’instinct, Fanny et Juliette gardèrent cet abattement moral que trahissaient le fléchissement à peine visible des épaules et le port fatigué de la tête, tandis que Claudia se relevait fièrement, entraînée par l’élan intime de l’héroïsme qui l’exaltait, et qui transparaissait physiquement.

Ce n’était pas, en effet, sans une énergie amère qu’elle s’était imposé l’épreuve actuelle ; et dans cette résolution de renoncer fictivement à tout ce qui l’avait faite adulée et heu-