Page:Yver - Un coin du voile.djvu/187

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porche, deux ou trois amies intimes, seules, vinrent lui serrer la main. Les autres connaissances la saluèrent de loin, et Claudia s’éloigna entre ses deux cousines, d’un pas hâté, gênée par la simplicité de sa mise et par l’attention dépourvue d’indulgence qu’elle sentait peser sur elle.

Dans la rue, elle fit l’expérience décevante que les regards s’arrêtent plus volontiers aux jolies toilettes qu’aux visages sympathiques ; et à constater, pour la première fois de sa vie, qu’elle passait inaperçue elle se dit tristement : « Je ne suis pas jolie : personne ne m’a regardée ! »

C’est qu’en effet la jeune fille modestement vêtue qu’on voyait passer, estompant sa silhouette dans l’uniformité de trois costumes pareils, ne ressemblait plus à l’éblouissante Claudia du bal, et l’on ne pouvait exiger des passants qu’ils distinguassent cette âme héroïque, que rien d’extérieur ne signalait.

À partir de ce jour, elle n’eut plus envie de sortir et resta volontiers des journées entières dans le petit appartement que les dames de La