Page:Yver - Un coin du voile.djvu/188

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Croix-Jacques habitaient à un quatrième de la rue du Bac. C’était l’assemblage de quatre à cinq petites pièces resserrées, où s’entassaient des bibelots princiers, des pendules de musée qui semblaient battre le temps d’un autre âge, des chaises aux bois ouvragés dont les tapisseries usées montraient leur canevas, des rideaux de damas, dont les teintes s’évanouissaient dans un lent décolorement. On y sentait planer l’âme d’une auguste vétusté, qui dormait au fond des glaces aux ors brunis, qui soupirait dans les sons de clavecin du vieux piano à queue, qui parfumait les tiroirs des lourdes commodes ventrues, et qui s’incarnait dans les deux blondes figures de Lancret qu’étaient Fanny et Juliette.

Claudia respirait avec délice cette odeur d’aristocratie, renfermée et concentrée là, comme une essence dans un sachet. Ses cousines, de grand matin, commençaient les travaux du ménage et ne les terminaient qu’à la nuit. Mais la vulgarité de leurs occupations manuelles entachait bien moins la noblesse de leurs personnes que ne l’eussent fait les fré-