Page:Yver - Un coin du voile.djvu/196

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le monde connaisse, et combien est petit le nombre de ceux qui pratiquent la première. Ses cousines, que la solitude avait gardées de toute dissipation, la lui avaient vraiment apprise. Elle savait aujourd’hui ce que c’est que de s’enfermer en soi-même et d’explorer son âme, et de cultiver son jardin secret, en n’accordant à la vie extérieure que le nécessaire. Les demoiselles de La Croix-Jacques avaient ainsi vécu, apparemment diminuées par une existence commune et terne, mais en réalité enfermées dans le château de leurs âmes dont personne ne connaissait les richesses. Tendres et pensives, elles avaient développé leurs facultés de cœur et d’esprit jusqu’à devenir des femmes incomparables, et il y avait un charme même dans le mystère qui enveloppait leurs perfections.

Comme la vie du monde dont elle s’était contentée si longtemps semblait à Claudia vaine et même un peu risible aujourd’hui ! Le culte de l’apparence qui jette les hommes à genoux devant l’argent, devant tout ce qui éblouit, était ce qui lui avait valu les adulations de