Page:Yver - Un coin du voile.djvu/198

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Elle se tourna vers son cavalier et lui dit :

— C’est vrai, je suis un peu lasse, très lasse même, monsieur.

Et comme elle connaissait quelques jeunes filles parmi celles qui s’évertuaient là-bas à finir leur menuet dans une quadruple révérence de marquise, elle s’en fut leur présenter ses cousines.

Il était dix heures. Le bal recommençait semblable à l’autre, fait des mêmes visages, des mêmes glissements, des mêmes bruissements d’étoffes, du même murmure de causeries à mi-voix. On se reconnaissait et l’on s’abordait, comme si depuis la dernière réunion on avait cessé d’exister. C’était de nouveau la fête de la soie, de la lumière et des parfums. La soie surtout ! Elle ruisselait en vagues irisées depuis les brocarts mauves des aïeules jusqu’aux robes mousseuses, couleur d’absinthe pâle, des adolescentes : robes de rêve, robes de fées ; robes couleur de lune ou couleur du