Page:Yver - Un coin du voile.djvu/201

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discussion s’engageait. Puis tout à coup, l’un des jeunes gens se détacha du groupe et vint s’incliner devant elle en lui demandant une valse, de l’air dont on accomplit un devoir ennuyeux.

Ainsi dans ce même salon où quelques mois auparavant elle recevait à foison les flatteries et les hommages, Claudia n’avait maintenant pour tout succès que la carte forcée de ce pauvre garçon auquel la maîtresse de maison avait imposé cette invitation comme une pénitence aux jeux de société ! Elle sentit l’aumône qu’on lui faisait à contre-cœur et la refusa fièrement. Après, il en vint deux ou trois autres, des inconnus, mais Claudia ne voulait plus danser ; elle était remplie de pensées trop graves ; elle aurait trouvé le moindre divertissement ridicule. On aurait dit que le vent de dix années d’expérience avait passé tout d’un coup sur cette jeune tête et l’avait mûrie.

Soudain, ses yeux qui posaient indifféremment dans le vague de cette foule mouvante, rencontrèrent un visage tourné vers le sien. Et aussitôt une intuition l’avertit que si ce regard