Page:Yver - Un coin du voile.djvu/207

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« Ma chère Claudia, écrivait huit jours après le banquier de Vauges, j’ai reçu ce matin, dans mon courrier de France, des nouvelles bien extraordinaires. D’abord une lettre de mon secrétaire qui me presse de revenir, « parce que, me dit-il, tout marche au plus mal ». Il paraît que mon absence a discrédité complètement nos bureaux et que les clients épouvantés les emplissent du matin au soir, suppliant qu’on les renseigne sur le mauvais état de mes affaires. Le mauvais état de mes affaires ! comprends-tu cela, Claudia ? Mon malheureux secrétaire ne sait où donner de la tête et se sent incapable de rassurer à lui seul tout ce monde. Mais voici qui est bien plus fort. À côté de cette lettre-là il y en a une autre, signée ma foi d’un nom que je vois souvent, en bonne place, dans mon journal de sciences, André Bertrand. Ce garçon-là ne s’imagine-t-il pas de m’écrire deux pages durant, avec le tact et l’habilité d’une vraie femme en pareil