Page:Yver - Un coin du voile.djvu/208

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cas, les condoléances les plus délicates sur les circonstances douloureuses que je traverse et qui seules — tu ouvres tes yeux, Claudia, et tu lis bien — qui seules peuvent l’enhardir…

Au fait, mon enfant, je te dirai que je l’ai bien trouvé un peu hardi, tout d’abord. Il se permet, vois-tu, de t’aimer à la sourdine depuis deux années. Quand on s’appelle Bertrand, c’est beaucoup oser, m’a-t-il semblé. Je crois que s’il te plaisait et que tu l’agrées, nos connaissances trouveraient cela bien roturier. Seulement, son nom c’est André Bertrand, c’est-à-dire un nom qui compte déjà dans le monde savant, un nom qui exprime au dernier point l’énergie et l’intelligence. Et puis, il faut bien se le dire, Claudia, il n’y a plus de roture. Ou plutôt, il y a une nouvelle noblesse aujourd’hui, qui fleurit un peu partout, à l’aventure, comme les pâquerettes dans les champs. La nouvelle roture c’est nous, les oisifs, les inutiles. Les vrais nobles, ce sont les aristocrates de l’intelligence, du talent, de l’action ; monsieur Bertrand en est un.

Enfin, ma chère petite, on ne se mésallie pas