en larmes. Il but du laudanum pour dormir la nuit, alla au café, goûta du théâtre, se remit à lire, tandis qu’avec la force même dont il la repoussait, cette femme l’envahissait, emplissait ses pensées, ses actes, ses visions, jusqu’à ses rêves.
Mais, comme orgueilleux et implacable, il résista, la nature dut céder. Son imagination se lassa. L’aventure se classa dans sa mémoire à l’état de souvenir, un souvenir qui alla s’atténuant de jour en jour. Sa vie normale le ressaisit avec la régularité passée. Et quand, sûr enfin d’avoir triomphé de lui-même et se croyant désormais à l’abri d’une rechute, il reprit le chemin du Père-Lachaise, une certaine joie âcre et victorieuse le possédait.
C’était un matin d’automne, tiède, pâle et doré. Une allégresse tranquille lui faisait trouver un délice dans la nature. Ah ! qu’il se sentait puissant ! Il se jouait de la passion comme d’un mal léger, qu’on guérit. Certes, il pouvait impunément aujourd’hui revoir cette femme. Et cédant à une ancienne habitude, peut-être aussi à l’obscur désir de se prouver,