Page:Yver - Un coin du voile.djvu/212

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train de vie que seul un riche mariage lui permettrait, et regretta de ne pouvoir épouser une femme qui lui plaisait si fort.

Cependant, il continuait de rencontrer Hélène et son père. Il la voyait le matin faire son marché en compagnie d’une jeune bonne en coiffe. Quand il se rendait au tribunal, à midi, il la croisait sous les sycomores. À l’heure du frais, s’il sortait avec le greffier, il apercevait le couple au bord de la rivière ; les jours de grande chaleur, il le retrouvait sur la haute ville, après souper. Il saluait alors, avec une sorte de gêne, mordu par le chagrin de ne pouvoir fixer en cette belle fille tous ses rêves inassouvis d’homme de trente ans.

Un jour, il lui parla. Ce fut dans la rue, à l’occasion d’un attroupement formé autour d’un homme malade dont il s’informa près d’elle. Il ne l’avait jamais si bien vue, ni de si près. Le charme nuageux de la passante se précisait presque brutalement. Il lui sembla retrouver la réalisation d’un songe dans ce chignon noir pesant sur la nuque, dans ces beaux yeux qui se posaient sur lui limpidement, avec cette