Page:Yver - Un coin du voile.djvu/214

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un rien de provincial qui retenait légèrement sa jovialité naturelle, elle éclipsait tout le monde dans le salon, sans le savoir, à force de simplicité et de bonne humeur.

Et de ce jour-là, le jeune juge l’aima de toute sa jeunesse, de toutes ses aspirations anciennes qui se satisfaisaient enfin dans cette délicieuse vision de femme.

Ce fut un roman exquis dont la jeune sous-préfète fut chargée de tramer les fils légers. Elle alla trouver Hélène dans le modeste second étage voisin de l’ancien château, à la basse ville. Le salon y avait conservé le meuble des jours opulents. On y voyait des consoles précieuses, des canapés empire, des brocarts jaunes, des vases inestimables remplis de fleurs des champs.

En robe de chambre de toile grise, une main posée sur la tête d’une chimère, à l’appui du fauteuil, très pâle et masquant son émoi sous son beau sourire de bravoure, Hélène écouta l’aveu. Depuis dix ans, confusément, avec des forces secrètes dont elle voulait ignorer la puissance, elle attendait cette minute.