Page:Yver - Un coin du voile.djvu/216

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au long son roman. Il comprit parfaitement, mais les mots lui manquèrent pour exprimer sa joie. Ses yeux, pleins encore du feu d’autrefois, disaient ce qui se passait au fond de son âme mystérieuse, tombeau muet de sa pensée, mais sa langue embarrassée ne put qu’articuler avec un accent d’enthousiasme indicible :

— Ah ! voilà… voilà… petiote…

Et il contemplait sa fille orgueilleusement, lissait du doigt ses beaux bandeaux, l’admirait, fier qu’on l’aimât enfin.

Elle le regardait, glorieuse elle aussi.

— Tu es content, hein, mon petit ?

— Ah ! voilà !… voilà !

Et une larme de joie sortit de sa paupière, coula lentement sur sa joue fripée, et vint se perdre dans sa grande barbe grise.


Un soir d’août, Il vint. Elle le reçut dans le salon aux consoles précieuses, aux canapés empire, parmi les chimères montrant partout, sur l’acajou des meubles, leurs ongles d’or. Les lourds rideaux de brocart jaune assombris-