Page:Yver - Un coin du voile.djvu/217

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saient la pièce. Ils causèrent très bas. Hélène disait peu de chose ; un souffle fort soulevait son corsage ; ses yeux s’étaient faits divinement doux.

Lui se montra très franc, dit ses défauts ; il se sentait un peu lâche devant la vie ; il se confiait à elle, la compagne forte qu’il admirait. Elle éprouvait comme il est bon d’être aimée pauvre. Sa belle main, faite aux gestes caressants et protecteurs, se posa sur celle de son fiancé, et il sentit tant de puissance dans cette tendresse qu’il en frémit de bonheur.

Ils se revirent deux fois la semaine, puis trois fois, puis quatre. Lui, chérissait de plus en plus cette belle promise. Mais elle, âme rêveuse et ardente, aimait en secret le plus fort. Toute sa jeunesse triste, sans espoir, murée dans le sacrifice, s’épanouissait soudain. Elle avait vingt ans ; elle en avait seize ! Elle était si reconnaissante au Prince Charmant qui lui montrait enfin la vie et l’y conviait !

Selon la coutume de certaines petites villes, ils se voyaient à l’après-dînée. On allumait dans le salon une grosse lampe empire, au