Page:Yver - Un coin du voile.djvu/225

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s’atténuait en son esprit, comme un visage qui se ternit sur les vieux daguerréotypes. Elle s’arrangea fort bien de la mise en pension du vieillard, et l’émotion qu’elle ressentit lors du départ fut toute superficielle. L’amour la possédait trop. L’être qu’elle aimait l’avait vraiment conquise ; son cœur était plein de lui.

Dès que le sort du vieux monsieur fut ainsi établi et remis aux soins de la « bonne madame Lethuillier », Hélène alla passer quelques jours au chef-lieu, pour les toilettes. Ce fut une période d’agitation et de hâte. Le satin blanc craquait en pièce ; les dentelles moussaient ; on aunait le tulle du voile. C’étaient des courses pour les pantoufles, les gants, le trousseau ; puis chez le tapissier, chez l’ébéniste. Les cadeaux arrivaient dans des écrins vert-olive, doublés de moire blanche où des objets d’argenterie ciselaient leurs formes. Elle essayait des peignoirs de jeune mariée, les dessous de broderies anciennes. Et vaguement, en une vision vaporeuse figée dans un brouillard au-dessus de ce tourbillon,