Page:Yver - Un coin du voile.djvu/226

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

elle voyait celui auquel bientôt elle allait être, et leur vie future qui semblait tenir toute dans une étreinte, un baiser éternel…

Quand elle revint à la petite ville, l’approche de l’hiver se faisait sentir. Des feuilles jaunes dansaient furieusement sous les sycomores en rectangle, place de la Sous-Préfecture. Un vent aigre soufflait sur le quai. Les collines lointaines prenaient des couleurs de brique et d’ocre fondues.

Hélène, à peine arrivée, gravit la grand’rue pour gagner la haute ville et voir son vieux.

C’était un vrai jour d’hiver, humide et froid. Dans le jardin de madame Lethuillier, le long des espaliers mouillés, la chair des poires mûres embaumait. Les tomates rouges luisaient dans leur feuillage ; quelques-unes étaient demeurées vertes faute de soleil. Sous un parapluie, relevant leur jupe et montrant leurs bas blancs, deux vieilles dames suivaient les petites allées en déblatérant à voix basse